ANDANTES
Marcos Avila Forero
“La seule chose qui permet à l’homme d’avancer, c’est l’acte”.
Jean-Paul Sartre
Marcos Avila Forero, lauréat du Prix Découverte 2012 des Amis du Palais de Tokyo
Vernissage le samedi 19 janvier de 18h à 21h
19.01.13 – 23.02.13
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Sous un beau soleil de printemps 2011 je me suis rendu à pied aux Beaux Arts de Paris pour découvrir les jeunes étudiants d’art primés de la promotion 2010.
J’ai suivi le parcours et suis tombé sur une première œuvre de Marcos Avila Forero («À San Vicente, Un Entrainement»). Il s’agissait d’une œuvre à la fois très généreuse de part l’espace important qu’occupait spatialement l’œuvre et en même temps d’une grande richesse picturale. J’aime cette idée de s’être servi d’armes de guerre factices, morceaux de bois sculptés, brulés en leurs bouts, pour dessiner sur le mur une forêt où se mêlent toutes les difficultés d’une jungle colombienne… l’œuvre était accompagnée d’une bande son de voix guerrières d’hommes et femmes, simulant la guerre, enregistrées dans la forêt colombienne. Se dégageait de ce travail une force tant plastique qui m’a à la fois ému et parlé.
En montant à l’étage je méditais encore sur l’impression que j’avais eue en découvrant cette œuvre. J’ai été confronté à un dialogue entre deux vidéos projetées simultanément sur l’itinérance d’un animal qui vit dans les eaux du fleuve Amazone (« A Tarapoto, Un Manati »). Marcos l’avait sculpté en grandeur nature, avec l’aide des artisans locaux dans le bois d’un arbre emprunté à la forêt Amazonienne. Il s’agissait pour lui d’une forme d’action en même temps que d’un parcours parsemé d’embuches et de difficultés pour amener le monstre dans les eaux. En découvrant cette vidéo pleine de promesses, je ne peux m’empêcher de penser au travail de F. Alys, artiste majeur de sa génération. Comme lui, il est question de performance. Alys se sert à la fois de codes occidentaux et de matériaux non pérennes pour alimenter et illustrer ses projets au cours de la déambulation, quand Marcos s’appuie sur des référents culturels propres à l’histoire des lieux dans lesquels il va travailler, à travers l’itinérance. Dans les deux cas les démarches sont passionnantes. Je pense que Alys utilise des matières dégradables (glace, peinture…) qui disparaissent avec le temps, tandis que Marcos construit des pièces artisanales en référence à un contexte d’origine avec lesquelles il réalise des actions. Il est question de performances surréalistes et absurdes chez Francis alors qu’il s’agit chez Marcos de performances intimes, nostalgiques liées à sa propre histoire. On retrouvera cette notion fréquemment dans son travail. Je pense notamment à l’œuvre de la barque qu’il a utilisé au Maroc et qui a fait l’objet d’une belle vidéo, faite à la suite d’une performance lors de la manifestation de la Nuit Blanche à Paris en 2012…
Avec le recul et sans entrer dans plus de détails, ce qui marque son œuvre c’est qu’il détourne et utilise comme base de travail artistique, des éléments qui ont pour rôle dans la vie ordinaire de véhiculer, circuler et transporter… Il utilise souvent les matériaux qui sont très importants pour le commerce et la survie des populations. Je pense aux références à la toile de jute, aux tatanes, aux palettes, aux barques, au camion… qui sont tous des « supports » de transports vitaux utilisés de façon récurrente par l’artiste. Il va jusqu’à se servir de café dilué à l’eau pour marquer l’empreinte du pays Arménien sur les murs des habitations locales d’un village colombien du même nom… Sur la forme, il y a une grande tonalité de couleurs ocres. Comme pour mieux panser les plaies des choses qu’il voie dans ces voyages, il lui arrive même d’utiliser le mercurochrome dans ses dessins.
Marcos est investi de toute sa personne dans son œuvre. Il me surprend par son intelligence, par sa grande générosité plastique et humaine. Je suis en attente et curieux des œuvres à venir. Il s’agit à mon sens d’un artiste qu’il faut suivre de près tant il a encore des choses à dire……
Bonne visite !!!
Vincent Bazin
Vue d’exposition, ANDANTES, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
70 Rue Curial (dans le couloir de l’entrée), 2013, photographie sur contrecollé Dibond, 80 x 370 cm, pièce unique, vue d’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
A Tarapoto, un Manati, 2011, Installation vidéo: Projection HD et écran cathodique, édition 2/5 vue d’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
A Tarapoto, un Manati, 2011, Installation vidéo: Projection HD et écran cathodique, édition 2/5 vue d’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
Paysage Arménien,2013, photographies, 100 x 67 cm, édition de 5 + 2 AP, vue d’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
De Villahermosa, détail recto/verso d’un sac de jute, 2010, photographie 1 et 225 x 25 cm, vue de l’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
De Villahermosa, une paire de chaussure en toile de jute, 2010, installation, dimensions variables, vue de l’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
Maquettes d’étude 1 & 2 pour le projet Cayuco, 2012, plâtre, 13 x 20 x 15 cm, pièce unique, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
Cayuco, 2012, vidéo HD couleur et son, 60’, édition 5, vue de l’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
Cayuco, 2012, vidéo HD couleur et son, 60’, édition 5, vue de l’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
Cayuco, 2012, vidéo HD couleur et son, 60’, édition 5, vue de l’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
Cayuco, 2012, vidéo HD couleur et son, 60’, édition 5, vue de l’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.
Cayuco, 2012, vidéo HD couleur et son, 60’, édition 5, vue de l’exposition, 2013, galerie Dohyang Lee, photo © Aurélien Mole.